Fred Vermorel, Judy Vermorel, "Les Sex Pistols"

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Fred Vermorel, Judy Vermorel, "Les Sex Pistols"

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C'est l'un des très rares livres écrits au moment même où les Sex Pistols expirent. Sobrement baptisé Les Sex Pistols (aux précieuses éditions Speed 17, menées par Manoeuvre sous la houlette de Dionnet et Druillet entre autres), il sort en France en avril 1978, quand le mouvement punk anglais est en pleine émergence, Clash, Buzzcoks, Stranglers, tandis que le groupe de Johnny Rotten a donné son dernier concert le 14 janvier de cette année-là. Le livre de Fred et Judy Vermorel est fascinant parce qu'il est au coeur de l'actualité de cette époque, sans recul quasiment, écrit dans une forme d'urgence, mais avec un tas de témoins, à la mémoire pas encore tannée par la came ou l'alcool.
Le livre s'ouvre d'ailleurs sur les souvenirs de kids, de certains membres du Bromley Contingent, à propos des premiers concerts de 1975 donnés dans des collèges ou au Nashville de Londres. C'est ensuite Paul Cook (batteur) qui raconte les prémices, avec Steve Jones (chant d'abord puis guitare) chez un pote nommé Wally. Enfin la fameuse rencontre dans la boutique de fringues de King's Road avec Malcolm McLaren, leur futur manager. Les anedotes sont précises et les auteurs s'efforcent de donner la parole à tout le monde. A Glenn Matlock par exemple quand il se fait virer. A la mère de Johnny Rotten. Aux responsables d'EMI quand ils se séparent du groupe. C'est vraiment de l'info fraîche, directe, dans un style que l'on ne retrouve plus aujourd'hui. Cela ne veut pas dire pour autant que tout cela est la vérité. L'arrivée de Sid Vicous, on l'a su plus tard, était parfaitement coordonnée par McLaren depuis plusieurs mois : c'était un membre du Bromley, un pote de Rotten… et un fou furieux, capable d'attirer l'attention autant des gamns, que des médias. McLaren ne s'exprime quasiment pas dans ce livre. L'homme a toujours su être suffisamment intelligent et manipulateur pour ne pas vouloir se livrer. Mais le lecteur sent que le bonhomme tire les ficelles et sous un discours rebelle situationniste, il est question de business.

Bref, Les Sex Pistols raconte la sortie du premier single, le passage dans l'émission Thames qui fit couler tant d'encre (Queen était prévu au départ), la performance sur le bateau pendant le jubilé de la Reine (organisé par Branson, patron de Virgin), l'interdiction de concerts, la sortie de l'album puis cette dernière tournée aux USA. C'est un peu là que le bât blesse pour ce livre : pas de reports de concerts. Rien sur la tournée de Anarchy où seules une poignée de dates fut assurée quand une vingtaine était programmée, rien non plus sur les secret gigs d'août 77. Pour les concerts US, il y a à peine cinq lignes mais rien de consistant alors que c'était là que tout s'est joué, entre un Sid Vicious défoncé jusqu'à la moëlle et un Rotten dépassé… Il y a un sentiment de gâchis, un brin organisé au final.