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Maurice Bémol, "La Parque et le serpent"

Posted By: TimMa
Maurice Bémol, "La Parque et le serpent"

Maurice Bémol, "La Parque et le serpent"
1955 | ASIN: B08P7PKWC3 | Français | EPUB | 78 pages | 0.1 MB

Cet ouvrage est une réédition numérique d’un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d’origine.

Le pouvoir de discerner, de reproduire et de produire des formes est peut-être le plus important dont soit doué l’esprit humain. Tous nos arts et toutes nos sciences y trouvent leur principe, comme si l’intelligence et le sentiment esthétique n’étaient qu’une même chose. Dans le chaos qui s’écoule en l’entraînant, l’homme réussit à ne pas perdre pied parce qu’il perçoit çà et là quelques figures remarquables, source de ses images, de ses idées, et du pouvoir qu’il a sur le monde. La connaissance tout entière n’est qu’un long effort pour essayer de tout ramener à quelques formes connues, l’art nous donne le même sentiment de puissance en soumettant le désordre de nos impressions à une discipline formelle. Mais le poète, du fait qu’il travaille sur cette matière complexe entre toutes, le langage, qui est à la fois pensée et musique, vision et rythme, doit l’ordonner pour l’œil et pour l’esprit aussi bien que pour l’oreille. Il œuvre pour Dionysos en même temps que pour Apollon. Les mètres, les formes fixes, les règles des différents genres lui fournissent les figures essentielles dans lesquelles s’inscrit le déroulement temporel de son œuvre. Il trouve aussi, pour exprimer sa conception et sa vision du monde, ces formes prestigieuses que sont les mythes. Il y a, si l’on veut, un mythe dans chaque mot. Mais l’aptitude de la forme à se soumettre même ce qui lui est le plus contraire, les choses, les êtres, les événements particuliers et accidentels de la légende ou de l’histoire, apparaît davantage dans la création de certains mythes privilégiés, qui savent si bien dégager en quelques traits les grands ressorts de toute une action qu’ils demeurent à jamais dans l’esprit des hommes. Entre les formes et les mythes, le poète est parfois cruellement tiraillé. Il n’est pas rare qu’il se laisse entraîner trop loin, soit d’un côté, soit de l’autre, oubliant ainsi la moitié de son art. Mais il fut donné à Paul Valéry, en écrivant la Jeune Parque, de réaliser à un degré inusité l’harmonie la plus intime qui se puisse concevoir entre un mythe et une forme, un mythe si profondément pénétré de forme qu’il a pu devenir lui-même l’image d’un rythme. Il nous a paru intéressant, à cette occasion, d’essayer de jeter quelque lumière, en même temps que sur le problème général que nous venons d’évoquer, sur la genèse d’un poème de Valéry.